Écrit par marine pineau - Publié le 03 Oct 2025 à 19:35

Si comme moi, tu as hurlé dans ta cuisine alors, ce qui suit est pour toi

« On est le 3 octobre ». En lisant cette phrase, si tu as grandi les années 2000’s alors, tu vois tout de suite Lindsay Lohan et son air (trop) sage dans le film Mean Girls. Parce que oui, jusqu’à cette année, cette simple réplique représentait tout un symbole pour les millennials du monde entier. Sauf qu’en ce 3 octobre 2025, on range sagement nos « Burn Books » et nos jupes roses à carreaux pour mieux ressortir nos corsets les plus inconfortables : oui, Taylor Swift a (enfin) dévoilé The Life of a Showgirl et oui, il faut qu’on en parle.

De cet album, on ne savait pas grand chose : on savait que Jack Antonoff ne serait pas à la prod, on savait que Max Martin (parrain des plus grands hits pop, le mec (dieu ?) qui a littéralement produit Shake it Off et l’entièreté de 1989) serait de retour. On savait que Sabrina Carpenter nous gratifierait d’un collab’, on savait que (évidemment) chaque morceau -ou presque- hurlerait « Travis Kelce » comme une équipe de cheerleaders un jour de match. Bref, on ne savait pas grand chose – si ce n’est que 70 artistes ont carrément repoussé la sortie de leur album pour mieux laisser la show girl qu’est Taylor Swift voler tranquillement vers le sommet des charts.

Alors je pourrais rester là, à te dire que cet album est de loin l’un des meilleurs qu’elle ait sorti (et non, ce n’est pas un clone insipide de 1989) mais, le mieux, reste de le prouver. Prend ton popcorn, un stylo et tes meilleurs skills en analyse parce qu’on va plonger (un peu) dans le tout le symbolisme qui s’étale dans ce 12 ème chapitre. On commence avec The Tale of Ophelia – single que tu risques d’entendre partout, tous le temps, pendant des mois. Je te la fais courte : si tu as suivi tes cours de littérature, alors tu sais qu’Ophelia est un personnage de Hamlet, pièce (tragique) de Shakespeare. Ophelia est la fille aînée, la fille qui se sacrifie, la fille qui, inévitablement, fini par se noyer dans sa propre mélancolie – un peu comme Taylor Swift lorsqu’elle nous a achevé en écrivant The Tortured Poets Department. La dernière fois que Swift flirtait avec Shakespeare, c’était pour nous livrer Love Story et ses paillettes sur un plateau : Love Story, l’amour aussi naïf qu’indestructible, Love Story qui en même pas quelques semaines propulsera une ado de 18 ans au sommet. Tu vois la nuance ? A 18 ans, Swift croit en l’amour éternel. A 34, elle se laisse consumer par le heartbreak : jusqu’à ce que Travis Kelce,  un mégaphone à la main et des friendship bracelets au poignet ne débarque pour lui apprendre que l’amour adulte et durable n’a pas besoin de brûler.

Et puisqu’on parle de Kelce, autant y aller franchement : Opalite ? Honey ? Elizabeth Taylor ? Le trio magique qui rejoint So High School et qui, une bonne fois pour toutes, enterre sa réputation d’artiste qui n’écrit que sur des ruptures. Aussi, je pourrais te sortir un power point en 15 slides pour t’expliquer à quel point Wood est de loin LA chanson la plus symbolique (et horny, avouons-le) de l’opus, je pourrais clairement rester des heures à te détailler tous les doubles sens qu’elle a planqué derrière le simple mot « bois » avec une coupe de champagne à la main mais, si tu devais ne retenir qu’une chose, retiens celle-ci : Swift est sortie de l’anxiété embouteillée dans Out of the Woods (1989) pour mieux nous rappeler qu’en trouvant son « meilleur pote » et le meilleur coup de sa vie (dans tous les sens du terme), elle a aussi la trouvé la sécurité. 

Mais, il n’y a pas que ça. Si, comme 90% des fans tu as dû faire le deuil de Reputation (Taylor’s Version), sèche tes larmes, Swift a pensé à tout. Pendant que Actually Romantic te rappelle subtilement (ou pas) qu’un hater ne sera jamais rien d’autre que ton plus grand fan (avec en prime, un clin d’oeil à Where is My Mind de Pixies), CANCELLED! t’oblige à réaliser que ce n’est pas dans la lumière que tu trouveras tes vrais amis. Sois populaire, tu auras beaucoup, énormément de potes. Sois au plus bas et, techniquement, tu sauras combien d’amis iraient en enfer pour toi. Et, en parlant d’ami(e), c’est justement avec Sabrina Carpenter qu’elle clôt l’opus : The Life of a Showgirl ou comment, chaque soir, tu livres ton corps et ton âme à une foule qui en demandera toujours plus.

Elle termine le titre (et l’album, d’ailleurs) avec un salut que les fans qui ont vécu l’Eras Tour ne connaissent que trop bien. Certains y verront une simple fin de chapitre, une clôture propre et symbolique pour un album efficace. D’autres y verront un clin d’oeil à Sabrina Carpenter qui, pendant des mois, a ouvert la tournée la plus lucrative au monde. Mais, quand on creuse bien, on peut (peut-être) y voir une sorte d’ultime cadeau avant un long, très long moment. Swift ne prévoit pas de repartir en tournée, elle ne prévoit rien d’autre qu’une promo gigantesque et millimétrée. Et, quelque part, c’est bien assez.