Écrit par Robin Ecoeur - Publié le 11 Mar 2024 à 12:00

Sacré meilleur film lors de la cérémonie des Oscars, “Oppenheimer” est un long-métrage où la musique joue un rôle prédominant. Et c’est un Suédois de 39 ans, Ludwig Göransson, qui s’est chargé de créer cette atmosphère entre l'angoisse et la lumière.

C’est un garçon discret, avec de longs cheveux et une grosse barbe. S’il ressemble au guitariste d’un groupe de rock, ce Suédois de 39 ans est en réalité l’un des compositeurs les plus en vogue d’Hollywood. Son nom ? Ludwig Göransson. Ses faits d’armes ? Il a récemment composé la Bande Originale du meilleur film – désormais oscarisé – de 2023 : Oppenheimer. Mais le compositeur possédait déjà, avant l’œuvre magistrale de Christopher Nolan, un beau CV.

Les débuts

Pour Ludwig, tout commence réellement en 2007. Il a 23 ans, il vient de terminer un cursus dans une école de jazz et le garçon cherche sur Internet les meilleures écoles de musique pour réaliser des BO de films. Le Suédois prend alors la direction de l’USC Thornton Screen Scoring Program de l’université de Californie du Sud, une formation réputée pour être l’une des meilleures des États-Unis. Durant son apprentissage, Ludwig fait la rencontre de deux personnes qui deviendront importantes pour la suite de sa carrière : Ryan Coogler, qui réalisera plus tard les blockbusters Creed ou Black Panther, et le compositeur Theodore Shapiro (qui a notamment bossé sur le film Le diable s’habille en Prada).

This is America

En 2009, Ludwig est l’assistant de Theodore Shapiro. Il continue donc à se former auprès de son mentor. La même année, les équipes de Community font appel à Theodore pour qu’il bosse sur des musiques destinées à cette nouvelle série. L’Américain n’a pas le temps, mais il conseille Ludwig. Le Suédois décroche alors son premier vrai job dans l’industrie et lance ainsi sa carrière. Tout en créant des morceaux pour les séries New Girl et Happy Endings, il travaille en parallèle avec l’un des acteurs de Community qui est également rappeur : Donald Glover, aussi connu sous le nom de Childish Gambino.

« Nous avons enregistré une musique qui a dépassé ce que je croyais humainement possible. Les images déroutantes d’atomes en rotation ont entraîné quarante violons dans une frénésie époustouflante, tandis que les scènes de tribunal ont été jouées avec l’intensité d’un champ de bataille.” (Ludwig à propos des musiques du film Oppenheimer)

Ludwig compose ses premières musiques de films à partir de 2011. En 2013, son vieil ami Ryan Coogler l’appelle pour réaliser les musiques de son prochain film, Fruitvale Station, qui remportera le Grand Prix du Jury au Sundance Festival. Petit à petit, le nom de Ludwig Göransson circule à Hollywood. Mais c’est son travail avec ses “proches”, notamment avec Ryan Coogler et Donald Glover, qui vont lui ouvrir les grandes portes du cinéma. Avec le premier, il collabore sur des films comme Creed et Black Panther. Avec le second, il travaille sur plusieurs albums et sur l’un des tubes de 2018 : This is America de Childish Gambino. En résumé, Ludwig acquiert un nouveau statut à Hollywood. Et un réalisateur comprend vite qu’il faut utiliser ce talent à bon escient : Christopher Nolan.

Le nouveau chouchou de Christopher Nolan ?

Alors qu’il a travaillé durant plusieurs années avec des maîtres de la disciplines comme Hans Zimmer, Nolan fait appel au Suédois pour son film Tenet sorti en 2020 (Zimmer était déjà pris pour travailler sur Dune). Une opportunité que Ludwig ne rate pas : il expérimente énormément en utilisant des sonorités industrielles et des techniques bien précises. Tout cela plaît beaucoup à Nolan qui lui fait confiance pour son nouveau film : Oppenheimer, un biopic sur le père de la bombe atomique. Le cinéaste a l’envie de baser les musiques de ce projet sur le violon puisque la tension dans les sons correspondent “à l’intellect et à l’émotion de Robert Oppenheimer.” Selon Ludwig, comme il l’a expliqué à Rolling Stone, “nous avons enregistré une musique qui a dépassé ce que je croyais humainement possible. Les images déroutantes d’atomes en rotation ont entraîné quarante violons dans une frénésie époustouflante, tandis que les scènes de tribunal ont été jouées avec l’intensité d’un champ de bataille.

Une chose est donc certaine : que ce soit au cinéma ou dans la musique (aux côtés d’Adele, de Rihanna ou Vampire Weekend), on n’a pas encore fini d’entendre la musique de Ludwig Göransson, le nouveau gars sûr derrière les musiques du nouvel Hollywood.