Écrit par Thomas - Publié le 02 Avr 2024 à 11:58

"Certains des plus grands artistes du monde font 40 emballages de vinyles différents juste pour que vous continuiez à en acheter davantage. C'est du gaspillage"

La déclaration n’a pas dû plaire à Taylor Swift : dans une interview accordée au média américain Billboard, Billie Eilish n’y a pas été de main morte le 28 mars dernier, pour tacler le manque de sens écologique de ses collègues. Au programme : des prises de position sur la pollution (un sujet sur lequel la musicienne est engagée depuis longtemps) et une petite pique adressée à tous ces artistes et labels pressant les versions vinyles de leurs albums en différentes couleurs et formats afin de booster les ventes.

C’est en fait : la chute du marché CD à l’échelle planétaire, couplée à la domination du streaming, amène tout le milieu musical à repenser les modes d’écoute. Et pour ça, il y a le vinyle; un support qui résiste au temps et peut compter sur un regain d’intérêt depuis plusieurs années. Il n’en fallait pas plus pour inciter les poids lourds du secteur à saturer les usines de production avec des déclinaisons à outrance de leurs 33 tours (comme les Rolling Stones par exemple, avec 43 versions différentes de leur Hackney Diamonds !). Alors forcément, puisqu’il est question d’écologie, Eilish sort le bazooka :

“On vit à une époque où, pour une raison ou une autre, il est très important pour certains artistes de produire toutes sortes de vinyles et d’emballages différents. […] Je ne peux même pas vous dire à quel point c’est du gaspillage […] Ça m’énerve que l’on en soit encore à un point où l’on se préoccupe autant des chiffres et de l’argent — et ce sont tous vos artistes préférés qui font cette merde”.

Dans le viseur, tout le monde pense évidemment à Taylor Swift, dont les ventes vinyles se sont élevées à plus de 3,5 millions rien que pour 2023. Mais pour Eilish, le problème va bien plus loin que ça.

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Billie n’est pas l’ennemie du vinyle (ni de Taylor)

Dans une story Instagram, l’auteur de Lost Cause remet les pendules à leur place et précise que sa déclaration n’était pas adressée à Taylor Swift et son système de production industrielle. L’Américaine précise au passage que selon elle, tout le monde est coupable de cette dérive consistant à presser des vinyles comme des bonbons, en différentes couleurs et différents modèles, par goût du jeu d’abord, mais aussi par appât du gain : proposer un disque en différentes versions permet de booster les ventes chez les fans, parfois prêts à payer des sommes astronomiques pour compléter leurs collections. « Ce sont des problèmes systémiques à l’échelle de l’industrie. Et lorsqu’il s’agit de variantes, de nombreux artistes les publient – y compris MOI ! » précise-t-elle.

Pour preuve, le dernier album de Billie, Happier than ever, est disponible en 8 versions vinyles. Un fait rappelé par les internautes (et les fans de Swift) qui n’a pas échappé à Eilish qui précise que ceux-ci ont été produits à partir de matières 100% recyclées et de canne à sucre. Pas de petite victoire quand on parle d’écologie et qu’on cherche à être plus heureux que jamais.