Écrit par marinepn - Publié le 21 Jan 2018 à 13:00

Pour tenir dans l'industrie musicale, il faut parfois se ré-inventer. Mais le souci, c'est que ce n'est pas toujours au goût des fans... 

En 20 ans, l’industrie musicale a bien changé. Parce qu’aujourd’hui on consomme la musique différemment et surtout, parce que de moins en moins de groupes (ou d’artistes) tiennent la distance, il faut savoir s’adapter. Ceux qui ont tenu, ceux qui ont su défendre leur place dans le paysage musical ont parfois dû changer, explorer et ce, au risque de se planter – auprès des fans.

#1. MUSE

Difficile de ne pas aborder le cas Muse. Pour les fans, pour ceux qui sont là depuis le premier album et les premiers concerts, Muse c’est Showbiz, Time is Running Out ou encore Plug In Baby. Pour preuve, les fans français ont carrément demandé au groupe de jouer Showbiz la prochaine fois qu’ils passeraient par l’hexagone. Quand le trio a sorti Drones, certains sont restés sceptiques. Mais parce que Muse a toujours eu ce besoin (presque maladif) d’explorer et d’aller au bout de ses idées, on a fini par comprendre que Drones était plus qu’un album ou un conceptDrones était une sonnette d’alarme, une façon de nous mettre en garde contre les technologies.

Les choses se gâtent un peu plus tard, quand Dig Down sort. Avec ce titre, Muse a fait le choix de s’adapter, justement. Nouvelle façon de consommer la musique, émergence et explosion du streaming… tout ça les pousse à ne sortir qu’un single comme ça, de temps en temps. Pour un éventuel album, il faudra repasser (sachez d’ailleurs qu’ils sont actuellement en studio). En ce qui concerne le morceau lui-même, la plupart des fans sont… déconcertés. C’est nouveau, différent… bref, ça ne sonne pas comme Muse – ou presque. Certains internautes descendront le titre en flèche tandis que l’un d’eux trouvera la bonne formule : « Les mecs, c’est Muse. On écoute toujours le premier single sans jamais savoir ce qui nous attend. On l’écoute de plus en plus et ensuite, on finit par l’aimer. Après, l’album sort. Et BANG. Le contexte apparait et le monde reprend tout son sens« . Et cette suite, on l’attend.

#2. LINKIN PARK

Citer Linkin Park, c’est extrêmement délicat. Mais il nous faut pourtant aborder le sujet. Là aussi, les fans les plus fidèles ne jurent que par les premiers opus : Hybrid Theory et Meteora en tête. En 2014, quand le groupe sort The Hunting Party, Chester Bennington, Mike Shinoda et toute la bande expriment leur envie de retourner à leurs racines et surtout, de faire un album qui soit taillé pour le live. Et ce sera un carton plein. Mais quand sort One More Light, là, les choses se gâtent. Linkin Park opère un tournant décisif, le groupe change totalement de direction, de style et… reçoit de nombreuses critiques.

Aujourd’hui, quand on prend le temps d’écouter One More Light dans son intégralité, quand on se penche sur les paroles, tout prend du sens. Quelque part, on y voit toute la détresse de Chester et c’en est aussi douloureux que ça en est beau. A sa sortie, cet album a tout de suite été mis dans une case à part, comme si ce n’était pas Linkin Park qui l’avait écrit et composé. Aujourd’hui, il est toujours à part mais… pour une différente raison.

#3. FALL OUT BOY

A quelqu’un qui ne connaîtrait pas Fall Out Boy, on dirait d’écouter From Under The Cork Tree. Pourquoi ? Tout simplement parce que cet album est le plus représentatif du groupe. On se souvient qu’un jour, en interview, Patrick Stump nous a même confié qu’avec Dance, Dance, le groupe avait trouvé le son qu’il cherchait. Sauf que From Under The Cork Tree est sorti en 2005, à une époque sombre pour Pete Wentz. Encore aujourd’hui, l’album fait sens et n’importe qui peut y trouver des réponses. Mais en 13 ans, le groupe a connu quelques hauts et… quelques bas, aussi.

En 2013, le quatuor revient avec Save Rock ‘n’ Roll. Avant ça, Fall Out Boy a été mis entre parenthèses. Et la vérité c’est que plus on y pense, plus on écoute, plus on compare, plus on en vient à la conclusion que les Fall Out Boy que l’on connaissait, ceux qui ont marqué notre adolescence ne sont pas revenus de ce fameux hiatus. Après leur pause, les américains nous ont offert une version 2.0 de leur groupe et de leur musique. Sauf que ce fut pas toujours au goût des fans. M A N I A est dans les bacs depuis quelques jours maintenant. Et même si certains ne s’y retrouvent pas, même s’ils regrettent Sugar, We’re Going Down, il faudra bien s’y faire…

#4. PARAMORE

Pour se faire une idée du parcours -atypique- de Paramore, il faut d’abord écouter Emergency. Ensuite, il faut enchainer avec Misery Business, Ain’t it Fun et enfin, Rose-Colored Boy. Quand Hard Times est sorti en 2017, de nombreux fans ont eu (d’abord) du mal à s’y faire. Où était passé l’esprit punk du groupe ? Qui était ce trio et qu’avait t-il fait de Paramore ? Si beaucoup ont été surpris, il faut surtout se souvenir que les « bases » de After Laughter ont été posées dès l’album précédent avec des morceaux comme Still Into You et Aint it Fun.

En 10 ans, Paramore a vu passer quelques changements. Les frères Farro ont quitté le groupe et ensuite, ce fut au tour de Jeremy Davis. Dans la foulée, Zac Farro a fait son grand retour, participant à l’élaboration d’After Laughter. En promotion pour ce nouvel album, Taylor York dira : « On a réalisé que l’on pouvait faire ce que l’on voulait du moment qu’il y avait la voix d’Hayley. C’est ça qui en fait du Paramore ». Peut-être n’a t-il pas tort. Paramore a misé sur un album inspiré par les années 80 et par les Cure (regardez de plus près la pochette et écoutez Rose-Colored Boy) mais surtout, ils ont livré ce que l’on pourrait appeler l’album de la maturité : « Avant, on criait beaucoup », déclarera Hayley Williams lors du dernier concert Parisien de Paramore. « En vieillissant, on a compris que l’on pouvait se faire comprendre en murmurant ». After Laughter est probablement l’album qui aura le plus divisé les fans… avant de les faire danser. Depuis, il fait l’unanimité.

CEUX QUI ONT CHANGE, POUR LE MEILLEUR

  • Taylor Swift

Quand Taylor Swift sort Shake it Off en octobre 2014, c’est comme un séisme. Celle qui faisait la fierté de la musique country, celle qui était présentée comme la « fiancée de l’Amérique » revenait en force avec un album pop et rythmé, quelque chose que personne n’attendait. Et ça a payé : Taylor Swift a dominé le monde, les charts et surtout, elle a converti des centaines de milliers de nouveaux fans.

  • Zayn Malik

On ne reviendra pas dessus, il l’a dit et répété : à l’époque de One Direction, Zayn n’était pas épanoui. Alors quand il a annoncé son départ, quand il est parti et qu’il a quitté pour de bon le groupe qui l’avait lancé, tout le monde l’attendait au tournant – et encore, c’est un euphémisme. Sauf qu’avec Mind of Mine, Zayn Malik a mis tout le monde d’accord.

Au final, personne ne peut juger si, oui ou non, ce que faisait un groupe était mieux avant – ni les médias, ni même les fans. A bien y réfléchir, peut-être attendons-nous beaucoup d’eux. Et vous savez ce qu’on dit, il faut savoir revoir ses attentes à la baisse. Si tous ces groupes/artistes n’exploraient pas, s’ils restaient dans leur petit confort, on ne serait pas plus satisfaits. Certains ont perdu des fans en changeant de style, d’autres en ont gagné. L’industrie musicale, c’est comme la loterie : fans et artistes doivent simplement espérer de ne pas finir perdants.