Écrit par Thomas - Publié le 19 Avr 2024 à 11:30

Comme tous les ans à la même période, le Disquaire Day revient chez tous les marchands de disques indépendants avec pépites, inédits et disques collector. L'occasion de faire le point sur ce format qui a encore plus de 33 tours dans son sac.

C’est l’histoire d’un format qu’on croyait mort et qui n’en finit plus de revenir : le vinyle. Une histoire dingue quand on y pense, à propos d’une invention vieille de 70 ans mais qui réussit à presque tenir tête au succès insolent du streaming. Moralité, ce secteur qualifié d’essentiel pendant la pandémie Covid-19 résiste mieux que prévu.

Et alors que les années 90 et le début des années 2000 semblaient avoir acté son enterrement, le vinyle revient depuis une vingtaine d’années en force, avec selon les chiffres officiels plus de 300 disquaires répartis sur tout le territoire. C’est évidemment dix fois moins que pendant les années 70, mais suffisant pour organiser depuis 2011 un Disquaire Day national, prévu le 20 avril cette année et avec plus de 270 références proposées de façon éphémères aux amoureux du microsillon.

Trois fois plus de vinyles vendus en 6 ans

Selon les chiffres du syndicat national de l’édition phonographique (SNEP), cette embellie discographique n’est pas qu’un mirage. Entre 2016 et 2022, il se serait écoulé en France trois fois plus de vinyles, avec 5 millions de galettes vendues. Un chiffre impressionnant qui permet au format d’arriver sur le podium, en troisième position, derrière le streaming numéro et le CD qui, lui aussi, fait de la résistance.

Et ce boom commercial se traduit également par un autre chiffre marquant : le vinyle aujourd’hui, c’est 45 % des revenus du physique (contre moins de 1% il y a 10 ans !).

Infographie: Le grand retour du disque vinyle se poursuit | Statista

Ce n’est plus un format pour les vieux

Longtemps associé à un cliché (le vinyle serait un fétiche pour boomers écoutant du jazz dans des fauteuils), le format est progressivement devenu le chouchou des moins de 35 ans, selon le Snep. » En 2022, les moins de 35 ans représentent 59% des acheteurs, en progression de 8 points par rapport à l’an dernier » peut-on lire dans le rapport. Encore plus surprenant : le vinyle est même devenu une tendance sur TikTok pour aider les utilisateurs à définir leurs styles de musique préférés.

Un top 20 surprenant

Dans le baromètre des vinyles les plus vendus en France (en 2022), on retrouve – toujours selon le rapport annuel du Snep – des disques attendus, comme ceux d’Harry Styles, Orelsan ou encore Angèle et Clara Luciani. Plus étonnant : la résistance au temps de goldies comme les disques de Nirvana (Nevermind), Michael Jackson (Thriller), Queen (Greatest Hits) ou les Daft Punk (Random Access Memories). Une tendance qui confirme que le 33 tours est devenu un objet inter-générationnel dans lequel tout le monde se retrouve, de 7 à 77 ans, même si l’inflation des coûts de production (+ 30% en 10 ans) a inévitablement un impact sur le prix de vente, et condamne le vinyle à être « consommé » en priorité par les mélomanes les plus vieux et considérés comme plus fortunés.

Mais pas de quoi faire la grimace pour autant : le rapport 2024 du Snep indique que « pour la septième année consécutive, le marché français de la musique enregistrée progresse« , et peut se satisfaire d’un chiffre d’affaires approchant le milliard d’euros avec notamment 15 millions d’albums physiques vendus en 2023. Pas si mal que ça, pour un objet 10 fois plus gros qu’un smartphone !

Le Disquaire Day 2024, c’est le 20 avril partout en France. Toutes les infos sur le site officiel.