Écrit par helene-ccw - Publié le 17 Nov 2016 à 13:00

La sortie du premier album éponyme de Broken Back est prévue pour demain vendredi 18 novembre et europe2.fr en a profité du coup pour aller lui poser quelques questions sur les dessous de cet opus, ses sensations sur scène, et bien sûr ses futurs projets ! Interview avec Broken Back.

On se souvient encore de notre première rencontre avec Broken Back. C’était il y a tout pile un an, l’artiste originaire de Saint-Malo venait tout juste de sortir son premier EP Dear Misfortune, Mother Joy dont le premier extrait Happiest Man On Earth nous avait instantanément convaincus. La musique de Broken Back respire la joie et la mélancolie en même temps, fait se confronter l’électro et la folk pour un résultat très harmonieux et une belle évasion dans son univers fantaisiste. Un an après seulement, Jérôme a déjà parcouru le monde pour présenter son projet en live, fait l’affiche des plus grands festivals français et s’apprête à sortir son premier album éponyme demain vendredi 18 novembre. Un grand pas pour l’artiste français que nous sommes allés interrogés pour en savoir plus sur ce futur opus, sur cette année folle qui s’est écoulée et ses projets pour l’avenir. Entretien avec un artiste passionné et passionnant.

europe2.fr : Bonjour Jérôme, enchantée de faire enfin ta connaissance ! Ton premier opus s’appelle Broken Back, est-ce voulu qu’il soit éponyme ou tu n’arrivais tout simplement pas à choisir un nom ?

Broken Back : Il est éponyme car il reflète complètement Broken Back qui veut dire Dos Cassé, c’est comme ça que j’ai commencé le projet, en me cassant le dos. Les 10 chansons qui constituent l’album reflètent complètement l’état d’esprit dans lequel j’étais au moment de composer ces chansons, c’est à dire dans une sorte de nostalgie un peu. On retrouve un genre de paradoxe dans ces chansons, les musiques peuvent être joyeuses mais les textes sont assez dark ou des compositions plus dark mais avec un texte complètement burlesque. En fait c’est ce genre de paradoxe qui retranscrit complètement l’état d’esprit dans lequel j’étais au moment de ma convalescence. J’étais finalement un peu au fond. J’avais du mal à marcher, j’arrivais pas à faire grand chose, et finalement j’ai essayé de rester optimiste, j’étais faussement joyeux. On peut retrouver dans toutes mes chansons une espèce de petite nostalgie de saveur aigre douce. Je me suis alors dis que le point, ce qui rassemble, celui qui explique toute la cohérence de cet album était finalement ce dos cassé, cette vertèbre. C’est donc pour ça que j’ai eu envie de l’appeler Broken Back.

« On peut retrouver dans toutes mes chansons une espèce de petite nostalgie de saveur aigre douce. »

VR.fr : Y a-t-il un titre que tu nous recommanderais d’écouter en particulier ? Ou avec une histoire qui te tient plus à cœur ?

Broken Back : Il y en a plusieurs ! Pour commencer, je pense que vous pourriez écouter le dyptique Got To Go/Better Run. C’est une seule et même histoire en deux chansons qui est une fable. Ce n’est pas autobiographique hein, c’est l’histoire d’un bon samaritain, d’un mec qui est bien élevé et qui veut devenir un bad boy. L’histoire de ces deux morceaux est la suivante : dans Got To Go, il décide de descendre dans les enfers pour passer un pacte avec le diable, pour qu’il lui apprenne à devenir un bad boy. Il veut goûter aux sept péchés capitaux, il veut vivre sa vie au travers des yeux du diable. Ça c’est toute la première partie. Et dans Better Run, il vient de sortir de cette entretien avec le diable, il remonte des enfers et là il reprend contact avec la vie, avec la réalité et on se rend compte que c’est complètement burlesque, que ça n’a pas fonctionné et que cette personne reste quelqu’un de très gentil, très poli, ça prend pas du tout ! Je conseillerais donc d’écouter ces deux titres. Après il y a Lady Bitterness, une chanson qui parle de l’amertume, ce sentiment qui est beaucoup plus introspectif et qui parle de l’addiction qu’on peut ressentir dans l’amertume. L’amertume un peu comme le personnage principal dans cette chanson s’adresse à elle comme à une maitresse, et finalement on ne sait pas s’il a envie de la quitter ou s’il a envie de continuer à passer du temps avec cette amertume qu’il appelle Madame Amertume. C’est un morceau beaucoup plus introspectif. Après Excuses est un morceau qui parle de l’amitié faite amour pour redevenir l’amour faite amitié. C’est une chanson sur ce passage parfois d’une amitié à l’amour. Et ce qui est important c’est aussi la deuxième partie qui peut parfois aussi arriver, repasser de l’amour à l’amitié.

VR.fr : Tu sembles beaucoup aimer raconter des histoires dans tes chansons…

Broken Back : Oui c’est important, c’est l’essence de la folk, raconter des histoires. C’est pour ça que je définirais mon projet comme de l’électro folk, l’électro renvoyant à la production, et la folk renvoyant à la composition et à l’écriture. C’est vraiment deux choses qui me font vibrer et que j’essaie de développer dans l’artwork ou dans la créa. Quand tu prends la pochette de l’album, elle symbolise cette fusion entre la chimère et le visage, l’homme et la machine, le producteur et l’auteur compositeur, entre l’électro et la folk. cette dualité finalement qui est très présente au sein de mon projet, et c’est ça qui me passionne.

europe2.fr : Mild Blood qui est un des titres de ton EP n’apparaît plus sur l’album, pourquoi ?

Broken Back : C’est une chanson qui avait été composée un petit avant que je me fasse mal au dos, et l’album s’appelle Broken Back et raconte cet état d’esprit dans lequel j’étais au moment de ma convalescence, cette nostalgie etc. En terme de cohérence, j’ai vraiment voulu faire un album où les 10 chansons étaient réunies dans cet état d’esprit, cette espèce de saveur un peu aigre douce dont on parlait. Mild Bood avait été composée un peu avant, il avait sa place dans l’EP mais dans l’album, j’ai donc décidé de ne pas le remettre.

VR.fr : Comment s’écoute Broken Back ?

Broken Back : Ça dépend des personnes, forcément il y a une cohérence entre les morceaux parce que j’y ai passé beaucoup de temps sur l’ordre, les transitions etc. Donc il y a une première lecture possible qui est celle ci, qui est plus l’écoute vinyle finalement qu’on a un peu perdu de vue avec la dématérialisation, le streaming et les écoutes un peu titre par titre. Ensuite on peut aussi l’écouter chanson par chanson, chaque chanson fait sens et a son imaginaire. Chaque chanson est teintée d’une émotion particulière comme Lady Bitterness l’amertume. Got To Go c’est un peu la folie, le délire puisque c’est un voyage dans les enfers. Halcyon Bird c’est la nostalgie. Happiest Man c’est plus le lâcher prise. Young Souls c’est l’insouciance, c’est un morceau qui renvoie à l’enfant, au paradoxe entre l’enfant qui veut redevenir adulte, et l’adulte qui veut redevenir enfant. Pour chaque chanson le dénominateur commun est qu’elle a été composée avec en fil conducteur une émotion précise, et en cela il est possible d’écouter chaque chanson une par une.

« Chaque chanson a été composée avec un fil conducteur une émotion précise. »

VR.fr : En concert tu es le genre d’artiste très généreux avec ton public (et ça fait vraiment plaisir !), tu ressens quoi quand tu es sur scène ?

Broken Back : C’est une émotion qui est extrêmement intense et que j’ai découverte il n’y a pas longtemps. La première fois que je suis monté sur scène, c’était il y a deux ans, un peu moins même que deux ans. La première chose que je me suis dis sur scène, c’était que pour la première fois je voyais les être humains qui symbolisaient les vues et les metrix d’internet et du digital qui me font vivre, qui me permet de faire mon projet et c’est toutes ces personnes à qui je dois tout. Pour la première fois, je les rencontrais. La première fois où je suis monté sur scène c’était à l’étranger, en Allemagne et en France c’était à La Péniche, et les deux fois je me suis dis « C’est eux, ces personnes qui me soutiennent depuis un an et qui cliquent sur mes chansons et mes maquettes », alors que je ne faisais pas ça à fond. C’est grâce à eux aujourd’hui que je peux faire ça à 100% et que je peux passer du temps pour composer d’autres chansons etc. C’était vraiment la première pensée qui m’a traversé l’esprit.

VR.fr : Sur scène, tu es accompagné de Sam et Akemi, comment vous êtes vous rencontrés ?

Broken Back : Pour les lives justement je cherchais des musiciens pour le monter. J’avais pas envie que ce soit un DJ set, je voulais vraiment chanter mes chansons et comme il y a eu toute une partie très produite dans les titres avec des machines etc., beaucoup de percussions, beaucoup d’instruments aussi en même temps, c’était important pour moi d’avoir des musiciens qui m’accompagnent. Sam est un super batteur professionnel qui tourne dans plusieurs groupes. Moi je l’ai rencontré dans le cadre de Broken, je l’ai contacté et je lui ai proposé de monter sur scène avec moi, de m’aider à monter un live pour mon projet. C’est avec lui qu’on a fait toute la première partie de la tournée, et puis récemment Akemi est arrivée, justement pour l’album, parce qu’il est encore plus étoffé en terme d’arrangements. On est 3 à présent sur scène pour jouer cet album. Akemi fait de la guitare électrique, de la basse, percussions, synthés et chant. Elle fait presque tout en fait ! Elle change d’instrument quasiment à chaque morceau, elle est vraiment multi instrumentiste, ça fait beaucoup de bien, ça me permet parfois aussi de lâcher la guitare et me concentrer sur l’interprétation d’un morceau en particulier.

VR.fr : Ton premier EP est sorti il y a même pas un an, et déjà tu joues à l’affiche des plus grands festivals, à l’étranger aussi, tes clips cartonnent… Broken Back est un vrai succès, comment expliquerais-tu cet engouement aussi rapide ?

Broken Back : J’avoue je saurai pas vraiment l’expliquer. Je le dois aux gens, aux gens qui m’écoutent parce que c’est chaque personne qui clique sur play quand elle écoute ma musique qui la fait voyager, qui se l’approprie, qui la partage, toutes ces personnes là que je dois tout ce qui se passe en ce moment, et je ne peux pas dire pourquoi elles appuient sur play et pourquoi elle la partage. Donc je peux juste dire merci. En tout cas je prends conscience, je prends du recul par rapport à ça, j’ai vraiment beaucoup de chances, je crois que c’est la chose la plus importante à faire plutôt qu’essayer de comprendre. Il faut plus le vivre que le comprendre.

VR.fr : Tu fais pas mal de dates à l’étranger, j’ai l’impression que le projet Broken Back s’internationalise pas mal, dans quels pays tu as été le mieux accueilli ?

Broken Back : En terme d’accueil et d’orga, les Suisses son très forts. Ils sont très imbattables et aux petits oignons à chaque fois. En public ambiance, les Belges sont à chaque fois incroyable mais tous les publics qu’on a pu avoir, à chaque fois il y a une super énergie dans le public, j’ai pas envie de catégoriser, chaque concert est différent, à chaque concert on ressent une énergie de la part des gens mais après s’il faut faire des généralités, le public belge est ultra chaleureux. C’est une généralité que je peux faire et dont je n’ai pas peur de la faire. Après ce qui est important pour moi, c’est de raconter des histoires, et que je me rends compte que peu importe le pays dans lequel je vais jouer et chanter mes chansons, il y a un accueil de la part des gens qui dépassent un peu les frontières. Au final c’est une personne avec sa guitare et des gens qui sont là pour passer un bon moment. On n’est plus dans la notion de « on est dans quels pays là ? », je ne me pose pas cette question quand je joue.

« J’aimerais beaucoup faire une tournée aux États-Unis. »

VR.fr : Quels sont les pays que tu aimerais conquérir ?

Broken Back : J’aimerais beaucoup faire une tournée aux Etats-Unis parce que tout a commencé là bas. C’est finalement sur la côte ouest, sur Soundcloud, que tout a commencé il y a 3 ans. Quand mes premières maquettes étaient sur Soundcloud, j’avais à peu près 4 vues par jour sur mes chansons, pendant longtemps pendant plusieurs mois. Puis un jour il y a eu 50 vues, puis 100 vues, puis l’heure suivante 300 vues. Je voyais que ça se passait aux Etats-Unis, tout le monde était entrain de partager mes titres et je me demandais ce qu’il se passait là bas ! Le soir même il y avait 1500 vues et après les jours qui suivaient 1500 à 2000 vues par jour en provenance des Etats-Unis sur mon Soundcloud. Tout a finalement commencé comme ça pour moi et évidemment ça serait très important d’aller jouer un jour là bas. Ça me rappellerait comment j’ai explosé alors que j’étais dans mon petit salon à Lille entrain de réviser mes cours.

VR.fr : On parlait aussi des festivals cet été… Réussir à séduire un public qui n’est pas forcément là pour toi, ça a été comment ?

Broken Back : C’est des sensations complètement différentes les festivals par rapport aux salles de concert, dans le sens où il y a beaucoup plus de gens, donc on ressent. Il y a beaucoup moins de proximité et beaucoup plus de gens donc l’énergie est complètement différente. Quand tous les gens sont entrain de clapper sur le rythme de ta chanson, tu ressens une espèce de vibration du sol et des gens qui est assez incroyable. En salle, il y a forcément beaucoup moins de personnes mais tu les vois transpirer, tu les vois dans l’énergie avec toi, tu ressens ça beaucoup plus que dans un festival où déjà de base, t’es à 30-40 mètres des premières personnes. C’est deux sensations complètement différentes mais qui sont tellement addictives que je n’arriverais pas à choisir entre elles. Après pour ce qui est de convaincre les gens, je ne viens pas forcément pour séduire les gens en festival. Je viens pour passer un bon moment, j’y viens pour raconter mes histoires, présenter mes chansons et après les gens sont là pour passer un bon moment, faire la fête, donc souvent la communion se passe bien.

VR.fr : Il y avait vraiment beaucoup de monde sur certaines dates…

Broken Back : Oui effectivement, je ne m’attendais pas à ça ! Aux Solidays par exemple, il y avait entre 6000 et 8000 personnes, ça dégoulinait derrière. On ne voyait pas la fin da la foule dans le chapiteau dans lequel on jouait, ça a été une énorme surprise. J’ai pris une grosse claque là, ça a été une grosse prise de recul parce que je ne m’attendais pas à ça. C’est quelque chose que je dois aux gens, et ça fait extrêmement plaisir.

VR.fr : On te compare pas mal à Milky Chance… Qu’en penses-tu ?

Broken Back : Je pense qu’on doit avoir un peu les mêmes influences, en terme d’écriture, en terme de goûts musicaux. Après c’est comme dans la chanson française, il y a plein de gens qui font de la chanson française, de jazz. On a un peu les même vibes musicalement parlant, c’est vrai. Je les ai croisés à un festival, ils sont supers cool ! C’est extrêmement gratifiant quand on me dit que je ressemble un peu à Milky Chance, c’est un groupe que j’adore !

« J’ai des nouvelles idées de chansons qui arrivent. »

VR.fr : Tu as dû rencontrer pas mal de monde avec tous ces concerts, événements, festivals… Tu t’es fait des potes parmi les autres artistes de la scène française ? (ou internationale d’ailleurs)

Broken Back : J’ai fait pas mal de concerts avec Jain, avec Synapson aussi, Puggy avec qui on a fait pas mal de festivals en Belgique, Hyphen Hyphen. Toute cette scène un peu électro alternative française qui commence à monter, c’est cool, ça fait une bonne petite équipe !

VR.fr : Pour finir, quels sont tes projets et tes bonnes résolutions pour 2017 ?

Broken Back : Mes projets c’est avant tout la tournée de l’album, faire voyager un maximum mes chansons. Maintenant qu’il va sortir, j’ai évidemment hâte de le faire jouer partout ! Une tournée en Scandivanie commence en décembre, le 14, 15, 16 et 17. Après on va passer un petit peu en Allemagne, en Suisse, en Belgique, en Angleterre, et puis en France bien sûr. Mon deuxième projet est de continuer à composer parce que c’est important. J’ai des nouvelles idées de chansons qui arrivent, même si je n’ai pas beaucoup de temps, sur les routes c’est important de continuer à composer, écrire. Et dans un troisième temps, ce serait de faire un mini break dans plusieurs mois, refaire du studio et recommencer à produire !