"C’est okay parce qu’après six ans de bons et loyaux services, elle a bien mérité de se reposer."
If fate should step in and force us into a goodbye
Les couloirs d’Europe 2 resteront rouges et vifs mais, finalement, seront bien ternes. Ce 15 décembre, notre Toutoune passera les portiques pour la dernière fois. Elle videra son bureau (et notre stock larmes, en passant), elle fermera son dernier carton avant de prendre l’un des ascenseurs – pas si fiable, d’ailleurs. Elle rendra son badge en se mordant la lèvre à sang parce que non, on est pas le genre à pleurer. Bref, ce 15 décembre, Clem enverra son dernier mail, celui qui scellera la fin. Et tu vois, avant qu’on ne parte boire des Virgin Mojitos trop sucrés, avant que je ne perde (encore) ma voiture dans la rue du Chemin Vert, avant qu’on ne célèbre ce départ avec brio, je vais te raconter comme Toutoune est, lentement mais sûrement, devenue notre pilier à tous.
Alors je pourrais déjà te raconter comment Clem et moi, on a commencé à fumer des clopes et à boire des cafés sur la vielle banquette défoncée de François 1er. Je pourrais te raconter comment l’on doit notre toute première conversation à un collant filé. Spoiler Alert, en hiver, nombreuses sont celles qui, en râlant, font des stocks au carrefour du coin – parce que « tu comprends ca file beaucoup trop vite cette connerie ». Je pourrais te raconter comment on a bu des litres de caféine, épuisées par le métro, les embouteillages et les parisiens trop pressés. Je pourrais te dire que, même après cinq ans, je me perds en allant la rejoindre au Starbuck qui, pourtant, est à 500 mètres. Je ne vais pas te mentir, la plupart du temps, je suis Clem. Parce que Clem, elle sait. Elle sait toujours. Des liners aux interviews en passant par les plateaux multi-artistes, Clem sait toujours tout.
Clem a écrit des centaines de conducteurs, elle a fait plus de feuilles de route que tu ne pourras jamais en compter. Clem, c’est la Spreadsheet Excel de mon chaos, celle qui nous a tous accompagnés et inspirés. Il y a eu les créneau improvisés à Carhaix, les tours de rond point rue Fontaine Lapic. Il y a eu les fiches de trivial « Virgin » coloriées sur la terrasse d’un café paumé et les matinées « mots-fléchés ». Je pourrais te raconter les soirées dans une maison hantée, les Starbucks enfilés devant toutes les salles de Paris, les virées en friperies et les anniversaires. Il y a eu les voyages en train (parfois trop longs) et les pauses (beaucoup trop courtes).
« Tu ne me décevras jamais mais tu m’épateras toujours » – Clémentine
Sans Clem pour me pousser, je ne serais sûrement pas montée sur une scène devant 30 000 personnes dans mon plus beau pantalon à paillettes. Sans Clem, Chris oublierait sûrement d’être aimable. Sans Clem, Victor ne serait pas si bien éduqué et les interviews, aussi bien rodées. Sans Clem, César aura peut-être moins de fun à « Lalarder ». Je préfère te le dire, sans Clem, on va tous pleurer. Mais, c’est okay. C’est okay parce qu’après six ans de bons et loyaux services, elle a bien mérité de se reposer.
J’aurais pu finir avec une ou deux blagues bien calibrées, j’aurais pu terminer en beauté. Mais, tu commences à me connaître. S’il doit y avoir un dernier mot, je vais le laisser à Taylor Swift.
« Long live, all the mountains we moved. I had the time of my life fighting dragons with you ».